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    Les conséquences psychologiques du confinement sur les victimes du terrorisme

    Le contexte actuel, nous oblige à respecter le confinement et à revoir nos vies, nos modes de fonctionnement, nos pensées et nos vies psychiques !

    Les conséquences psychologiques de ce confinement sur les patients victimes du terrorisme, est celui de la réactivation pour certains des symptômes post-traumatiques, avec comme symptôme aggravant, celui du sentiment de danger imminent, l’extérieur redevient cette menace d’un danger de mort. L’extérieur redevient l’autre ennemi caché, tout le monde devient suspect car potentiellement porteur de virus, consciemment ou inconsciemment cette pensée va réactiver la peur première du terroriste, cet individu caché qui peut surgir à tout moment et peut provoquer la mort.
    Le traumatisme du virus est renvoyé à cette idée de l’attentat terroriste qui avait surgi à un moment improbable, comme celui d’un moment de joie et de partage musical pour commettre l’irréparable.

    Le constat des psychologues du CPPR est que le virus a réactivé les symptômes traumatiques comme ceux de la peur des lieux à forte fréquentation, des grandes surfaces, des transports en communs. Parmi les symptômes, sont les troubles du sommeil, agitation psychologique, sentiment d’insécurité.

    Et pour cause, l’ennemi est invisible comme le terroriste. Nul ne sait qui il peut être : voisin, ami, collègue ? Les patients redeviennent vulnérables et fragilisés psychologiquement. Le sentiment de la malédiction pour certains revient. L’angoisse de la mort avec le sentiment d’impossibilité de s’échapper cette fois ci.

    Deux réactions psychiques sont observées, la première où le confinement est renforcé, la victime ne souhaite plus sortir de la maison car pour elle le danger de mort se trouve à l’extérieur. Dans l’autre réaction, la maison devient au contraire l’objet de l’angoisse. Ne plus sortir de la maison renvoie à l enferment au Bataclan et à la mort peut frapper de l’intérieur et empêche de fuir.

    Il arrive que pour d’autres, paradoxalement, ce moment de restriction sociale soit vécu comme un soulagement. Un soulagement qui est nettement perceptible dans les séances thérapeutiques. Soulagement de « enfin ne pas être obligé de se forcer à agir », ne pas être contraint à effectuer des actions qui sont d’ordinaire vécues comme pénibles, voir « impossibles ». Enfin, on a le « droit et même l’obligation » de ne rien faire, de rester chez soi, dans son cocon, caché au monde ».

    Bien sûr, ce soulagement est tout autant perturbant que les angoisses citées plus haut, car vécu sur un mode culpabilisant. La culpabilité de jouir de «ne rien faire » alors que dans des circonstances normales, « on serait obligé de faire ». En effet, au fond de soi-même, on sait bien que ces inhibitions de faire sont d’ordre névrotiques, phobiques. Faire ses papiers est une phobie administrative par exemple tout comme sortir simplement dans la rue et prendre le métro réveille la claustrophobie ; en névrose post traumatique ( suites névrotiques d’attentats) qui se décrit par l’évitement des lieux publics à forte fréquentation où le risque d’attentat est fantasmé comme plausible)…

    Là, le confinement qui interdit ces rassemblements de « cibles potentielles » est alors vécu comme un soulagement… et fait un temps de pause pour ces angoisses, temps qui pourra être mis à profit, justement pour travailler en thérapie….

    Donc… thérapie par téléphone, en Skype ou autre, c’est LE moment …

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    Attaque au couteau à la préfecture de police : Comment surmonter un tel traumatisme pour les policiers ?

    © BREGAND CELINE/SIPA La préfecture de police de Paris après le drame
    Comment la police peut réagir psychologiquement après l’attaque perpétrée par un de ses agents administratifs et qui s’est déroulée dans la « maison mère » ?
    Propos recueillis par Jean-Loup Delmas
    Samedi 5 octobre 2019
    Comment la police peut réagir psychologiquement après l’attaque perpétrée par un de ses agents administratifs et qui s’est déroulée dans la « maison mère » ?
    Le 3 octobre 2019, un agent administratif a attaqué plusieurs policiers au couteau au sein de la préfecture de police de Paris, tuant quatre de ses collègues avant d’être abattu. Si les policiers se savent des cibles potentielles depuis de nombreuses années, cette attaque peut potentiellement être encore plus durement vécue que les autres. Comment les policiers peuvent-ils surmonter psychologiquement cet événement ?
    Pour Gérard Lopez, psychiatre et président de l’institut de victimologie, les forces de l’ordre vont apprendre à relativiser la portée symbolique de l’événement.

    Voir une attaque se produire de l’intérieur, est-ce un traumatisme encore plus grand pour les policiers ?

    On ne peut pas parler d’un traumatisme collectif pour la police. Les personnes sur les lieux au moment des faits seront sans doute traumatisées, et une cellule de prise en charge psychologique est déjà mise en place. Ce sera très difficile pour eux de revenir sur place, ils auront des insomnies, des réminiscences, des images. C’est un choc d’autant plus grand que c’est la préfecture de police mais le traumatisme se traitera de la même manière que d’habitude.
    Pour l’ensemble de la police, c’est certes un symbole fort qui a été touché, mais il ne faut pas galvauder le terme de traumatisme, ou l’utiliser à tort et à travers. Je suis passé dans de nombreux commissariats jeudi : ailleurs qu’à la préfecture de police, il y avait évidemment beaucoup de stupeur et les policiers étaient sous le choc, mais également une volonté de relativiser. Ils savaient que le risque zéro n’existait pas, qu’un collègue peut « vriller » à tout moment, que des attaques pouvaient arriver n’importe où… Si le choc est grand, et l’événement imprévisible et surprenant, il peut s’expliquer rationnellement.

    Le risque zéro n’existe pas, mais la préfecture de police pouvait sembler intouchable… D’où peut-être un nouveau sentiment d’insécurité ?

    C’est forcément un choc pour la police et cela ne fait qu’amplifier ce sentiment d’insécurité et accentuer la crise que traversent actuellement les forces de l’ordre. Les policiers se sentent en insécurité partout à l’extérieur et la préfecture de police de Paris était l’endroit de sécurité absolue, la « maison mère », et bien sûr que cela est terrible pour eux de voir que ce lieu n’est pas intouchable, et que même entre eux, ils ne sont pas protégés. Il y a un sentiment « Même chez soi, on n’est pas en sécurité ». On a tous besoin d’avoir au moins un endroit où on se sent en sécurité. La police l’a perdu momentanément jeudi.
    Mais de la même manière que nous autres serions choqués s’il y a un attentat dans le métro : l’impression d’avoir été cueilli chez soi. Les personnes n’ayant pas subi l’attentat du métro seraient choquées, se diraient ‘On est même pas tranquille chez soi’. C’est un sentiment d’insécurité générale, mais tout comme nous apprenons à vivre avec cette absence de risque zéro, les policiers le font aussi.
    Très vite, les forces de l’ordre relativisent : aucun endroit n’est par nature intouchable. Et ils savent que la préfecture de police reste quand même extrêmement sécurisée et qu’un maximum de protection est prise. La préfecture de police garde une image de lieu fort.

    Comment surmonter ce sentiment d’insécurité ?

    Ce qu’il faut pour gérer la crise, c’est apporter l’exigence de la vérité. Expliquer ce qu’il s’est passé, mettre la lumière et des mots sur cette attaque. Il faut une communication de crise, une enquête majeure et de la transparence. Une fois l’attaque clarifiée, il faudra à nouveau rassurer la police sur la sécurité de sa préfecture, car il est vital d’avoir un lieu où la police se sent en lieu sûr, expliquer comment cela a pu arriver et comment ils vont tout faire pour que cela ne se reproduise plus. En somme, refaire de la préfecture de police un lieu sûr avec de la transparence et des mesures.

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