• Actualités,  Article,  Psychotraumatisme

    Attaque au couteau à la préfecture de police : Comment surmonter un tel traumatisme pour les policiers ?

    © BREGAND CELINE/SIPA La préfecture de police de Paris après le drame
    Comment la police peut réagir psychologiquement après l’attaque perpétrée par un de ses agents administratifs et qui s’est déroulée dans la « maison mère » ?
    Propos recueillis par Jean-Loup Delmas
    Samedi 5 octobre 2019
    Comment la police peut réagir psychologiquement après l’attaque perpétrée par un de ses agents administratifs et qui s’est déroulée dans la « maison mère » ?
    Le 3 octobre 2019, un agent administratif a attaqué plusieurs policiers au couteau au sein de la préfecture de police de Paris, tuant quatre de ses collègues avant d’être abattu. Si les policiers se savent des cibles potentielles depuis de nombreuses années, cette attaque peut potentiellement être encore plus durement vécue que les autres. Comment les policiers peuvent-ils surmonter psychologiquement cet événement ?
    Pour Gérard Lopez, psychiatre et président de l’institut de victimologie, les forces de l’ordre vont apprendre à relativiser la portée symbolique de l’événement.

    Voir une attaque se produire de l’intérieur, est-ce un traumatisme encore plus grand pour les policiers ?

    On ne peut pas parler d’un traumatisme collectif pour la police. Les personnes sur les lieux au moment des faits seront sans doute traumatisées, et une cellule de prise en charge psychologique est déjà mise en place. Ce sera très difficile pour eux de revenir sur place, ils auront des insomnies, des réminiscences, des images. C’est un choc d’autant plus grand que c’est la préfecture de police mais le traumatisme se traitera de la même manière que d’habitude.
    Pour l’ensemble de la police, c’est certes un symbole fort qui a été touché, mais il ne faut pas galvauder le terme de traumatisme, ou l’utiliser à tort et à travers. Je suis passé dans de nombreux commissariats jeudi : ailleurs qu’à la préfecture de police, il y avait évidemment beaucoup de stupeur et les policiers étaient sous le choc, mais également une volonté de relativiser. Ils savaient que le risque zéro n’existait pas, qu’un collègue peut « vriller » à tout moment, que des attaques pouvaient arriver n’importe où… Si le choc est grand, et l’événement imprévisible et surprenant, il peut s’expliquer rationnellement.

    Le risque zéro n’existe pas, mais la préfecture de police pouvait sembler intouchable… D’où peut-être un nouveau sentiment d’insécurité ?

    C’est forcément un choc pour la police et cela ne fait qu’amplifier ce sentiment d’insécurité et accentuer la crise que traversent actuellement les forces de l’ordre. Les policiers se sentent en insécurité partout à l’extérieur et la préfecture de police de Paris était l’endroit de sécurité absolue, la « maison mère », et bien sûr que cela est terrible pour eux de voir que ce lieu n’est pas intouchable, et que même entre eux, ils ne sont pas protégés. Il y a un sentiment « Même chez soi, on n’est pas en sécurité ». On a tous besoin d’avoir au moins un endroit où on se sent en sécurité. La police l’a perdu momentanément jeudi.
    Mais de la même manière que nous autres serions choqués s’il y a un attentat dans le métro : l’impression d’avoir été cueilli chez soi. Les personnes n’ayant pas subi l’attentat du métro seraient choquées, se diraient ‘On est même pas tranquille chez soi’. C’est un sentiment d’insécurité générale, mais tout comme nous apprenons à vivre avec cette absence de risque zéro, les policiers le font aussi.
    Très vite, les forces de l’ordre relativisent : aucun endroit n’est par nature intouchable. Et ils savent que la préfecture de police reste quand même extrêmement sécurisée et qu’un maximum de protection est prise. La préfecture de police garde une image de lieu fort.

    Comment surmonter ce sentiment d’insécurité ?

    Ce qu’il faut pour gérer la crise, c’est apporter l’exigence de la vérité. Expliquer ce qu’il s’est passé, mettre la lumière et des mots sur cette attaque. Il faut une communication de crise, une enquête majeure et de la transparence. Une fois l’attaque clarifiée, il faudra à nouveau rassurer la police sur la sécurité de sa préfecture, car il est vital d’avoir un lieu où la police se sent en lieu sûr, expliquer comment cela a pu arriver et comment ils vont tout faire pour que cela ne se reproduise plus. En somme, refaire de la préfecture de police un lieu sûr avec de la transparence et des mesures.

    Pour aller sur l’article, cliquez sur l’image


    Si vous avez besoin d’une consultation, contactez-nous :

    PRENDRE RENDEZ-VOUS

  • Actualités,  Article,  Psychotraumatisme

    Le terrorisme, une des sources souterraines du mal être chez les policiers

    Par Jean-Claude Delgenes
    Le 29 septembre 2019
    La France est le pays occidental le plus touché par le terrorisme. 11 attentats s’y sont déroulés depuis janvier 2015 et ont causé 245 morts.
    La situation aurait pu être encore plus dramatique : 17 attentats au moins ont échoué et 50 ont été déjoués. Les attentats ont la particularité de cibler presque toujours les forces de l’ordre.
    Les policiers et les militaires pendant toute cette période qui s’étend sur plusieurs années sur l’ensemble du territoire sont devenus des cibles vivantes récurrentes.

    Le 7 janvier 2015

    Les frères Kouachi se réclamant d’Al Qaida au Yémen, armés de kalachnikov et de fusils d’assaut AKM, font irruption au sein de Charlie Hebdo pour y assassiner douze personnes dont huit membres de la rédaction et deux collaborateurs. Au cours de l’attentat deux policiers seront aussi tués. Le premier Franck Brinsolaro chargé de la protection de CHARB dessinateur emblématique du journal et le second – Ahmed Merabet – exécuté par l’un des deux terroristes sur le boulevard Richard Lenoir au cours de leur fuite. Les deux assassins seront abattus le 9 janvier à 17 heures par l’unité d’élite de la gendarmerie nationale, le GIGN. Ils s’étaient réfugiés dans une imprimerie de Dammartin en Goële. Ils tentèrent de s’enfuir, en faisant feu sur les gendarmes qui ripostèrent.

    Le 8 janvier 2015

    Amedy Coulibaly ami des frères Kouachi qu’il a connus en prison se rend à Montrouge ville limitrophe de Paris ; il y assassine Clarissa Jean Philippe une policière de 26 ans et blesse grièvement un agent de voirie. Se réclamant de l’Etat Islamique (Daesh) lourdement armé, le lendemain il prend en otages vingt personnes dans une supérette casher à la porte de Vincennes. Il tue immédiatement trois clients puis un employé avant l’intervention des deux unités d’élite de la police le RAID et la brigade de recherche et d’intervention (BRI) qui l’abattent. Au cours de l’assaut 4 personnes dont 3 policiers, sont blessées. Les otages sont tous sauvés.

    Le 13 et 14 novembre 2015

    Les attentats terroristes reprennent, menés par trois commandos distincts. Six fusillades et attaques suicides islamistes sont perpétrées à Paris et dans sa banlieue par neuf tueurs lourdement armés qui se réclament eux aussi de Daesh. Dans cette tuerie de masse 13I victimes tombent sous les balles aux terrasses de plusieurs bars et restaurants dont 90 dans la salle de spectacle du bataclan. Parmi les 413 blessés 99 sont en urgence absolue. L’unique survivant parmi les terroristes est capturé par la police Belge à Molenbeek après 4 mois de fuite.

    Le 13 juin 2016

    Un policier de Magnanville et sa compagne sont assassinés chez eux par un jihadiste de Daesh. Le Raid abat le terroriste.

    Le 14 juillet 2016

    A Nice un membre de Daesh fonce avec un camion dans la foule regroupée après le feu d’artifice et tue 86 personnes tout en blessant 400 autres. Le tueur est abattu par la police.

    Le 26 juillet 2016

    Le père Jacques Hamel, prêtre de Saint Etienne du Rouvray est égorgé dans son église par deux jihadistes de Daesh abattus par la police.

    Le 20 avril 2017

    A Paris, sur l’avenue des Champs Elysées un terroriste de Daesh armé d’une kalachnikov tire sur un fourgon de police et tue son conducteur le policier Xavier Jugelé. Il blesse deux autres policiers ; il est aussitôt abattu. Ce tueur avait déjà été condamné en 2005 à 15 ans de détention pour une tentative de meurtre à l’encontre d’un élève gardien de la paix. Il était connu pour son obsession à vouloir tuer des policiers.

    Le 1 octobre 2017

    Deux jeunes femmes sont tuées sur le parvis de la gare Saint Charles à Marseille. L’attentat est là encore revendiqué par Daesh. Le tueur est abattu par les militaires de sentinelle.

    Le 23 mars 2018

    Les attaques menées à Carcassonne et dans un supermarché de Trèbes dans l’Aube par un membre de Daesh font 4 victimes et 15 blessés. Après avoir volé un véhicule en tuant son conducteur et en blessant le passager, le terroriste s’en est pris à un groupe de 4 CRS qui terminaient leur footing. Il tire à six reprises et blesse grièvement l’un d’entre eux. Le terroriste s’est ensuite réfugié dans un supermarché en prenant une caissière en otage, les clients du magasin ayant réussi à fuir ou à se cacher. Le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, se propose alors comme otage en échange de la libération de la jeune femme et pour préserver qui plus est, les autres personnes qui sont restées dans le magasin. Lors de l’assaut qui suit auquel il a aidé, Arnaud Beltrame est mortellement blessé. L’homme deviendra un héros national.

    Pour répondre à cette extrême gravité le gouvernement instaure l’état d’urgence jamais décrété depuis le putsch d’Alger, le 13 mai 1958, la police est mobilisée dans toutes ses composantes pour traquer les terroristes, rechercher les criminels en fuite, effectuer des contrôles dans tout le pays. La police cherche par sa mobilisation à éviter de nouvelles attaques. Cette mobilisation sera payante plusieurs attentats seront déjoués mais couteuse en énergie car les repos et les récupérations seront souvent reportés ou annulés.

    Le 3 octobre 2019

    M. ERNEST Damien, major responsable d’une unité locale de police ; 28 ans de services. Tué, dans l’exercice de ses fonctions.
    M. LANCELOT Anthony, gardien de la paix ; 11 ans de services. Tué, dans l’exercice de ses fonctions.
    M. LE MESCAM Brice, adjoint administratif principal ; 6 ans de services. Tué, dans l’exercice de ses fonctions.
    Mme TRIFIRO Aurélia, gardienne de la paix ; 17 ans de services. Tuée, dans l’exercice de ses fonctions.
    Jamais un policier n’avait été soupçonné d’avoir perpétré une attaque terroriste, jusqu’à jeudi. Dans l’enceinte même de la préfecture de police de Paris, Mickaël Harpon, 45 ans, a tué quatre fonctionnaires et grièvement blessé une cinquième avant d’être abattu dans la cour du bâtiment. Certes, le suspect n’appartenait pas précisément aux forces de l’ordre mais travaillait depuis quinze ans en tant qu’informaticien au sein de la direction du renseignement parisien (DRPP). « Les derniers cas de terrorisme interne doivent remonter à la guerre d’Algérie mais c’est incomparable »

    Pour aller sur l’article, cliquez sur l’image


    Si vous avez besoin d’une consultation, contactez-nous :

    PRENDRE RENDEZ-VOUS

Aller à la barre d’outils